C'est étonnament au km 0 que la bonne est sortie aujourd'hui ! Laurent Mangel de Saur-Sojasun a attaqué dès le drapeau baissé et 4 coureurs l'ont rejoint peu après.
Un groupe de très bons rouleurs avec le remuant Jérémy Roy, José Ivan Gutierrez, Ruben Perez et Gerraint Thomas.
Malheureusement, Cofidis n'a pas pu placer un coureur (Moncoutié aurait bien aimé s'échapper aujourd'hui, avec le profil qui lui convenait bien sur la fin) et ils
ont essayé de boucher le trou mais impossible de revenir sur les fuyards qui roulaient à 60 à l'heure devant.
Mickaël a donc passé une journée à protéger son leader Rein Taaramae et à remonter des bidons dans la deuxième partie de course. Tâche plus difficile qu'en temps
normal, car pour une raison inconnue, à chaque appel de la voiture (quand un coureur a besoin de bidons, il descend à l'arrière du peloton et lève le bras pour signifier au commissaire de course
qu'il a besoin de ravaitaillements et ce dernier appelle la voiture de l'équipe pour qu'elle remonte la file...) il devait attendre un temps fou pour que cette dernière reçoive l'autorisation de
monter. Rageant, d'autant plus que des coureurs d'autres équipes arrivés après lui, recevaient leur ravito. Une débauche d'énergie inutile pour Mickaël, car tant qu'on n'est pas ravitaillé, on
n'est pas forcément bien dans les roues, on est nerveux car on veut vite recevoir les bidons afin de servir les co-équipiers qui attendent, et on subit beaucoup plus les relances du
peloton.
A un moment, il a même eu droit à la voiture qui reçoit l'autorisation, dans une descente, alors qu'il avait demandé le ravito
en montant... Imaginez-vous, à plus de 70 km/h, lâcher les mains du guidon pour prendre 6 à 8 bidons dans les poches et le maillot avec des virages... Bien entendu, il n'a pas pris ce
risque.
Autrement les sensations sont plutôt bonnes, et il a préféré rester dans un grupetto intermédiaire à 17' (avec de bons coureurs + des leaders mal en point) plutôt
que d'attendre le vrai grupetto (qui finira dans les délais à 33' de la tête).
Quand on est dans le dernier grupetto, l'allure en montant est toujours "modérée" mais dans les descentes, ça ne rigole pas, bien au contraire, car pour tous les
non-grimpeurs, c'est le meilleur endroit pour ne pas perdre de temps, voire en reprendre sur la tête de course. Et obligation de prendre des risques pour suivre, sinon en bas du col, on se
retrouve seul dans la "pampa" devant le camion-balai...
Au classement de l'étape, il est 83ème.
Une fois la ligne franchie, après 211 km, il restait encore la descente à faire en vélo. Arrivés en bas, les coureurs pensaient trouver le bus dans le village, mais
il était placé à 20 km dans la vallée... Résultat, une bonne petite journée à 250 km, et après avoir été pris dans les bouchons, ils sont arrivés à 20h à l'hôtel.
Pas idéal pour la récupération, mais c'est souvent le cas sur le Tour de France...
La rançon de la gloire !
Demain, 152 km avec un profil idéal pour les attaquants, car le sommet du redoutable Aubisque sera placé à 42 km de l'arrivée... Probablement trop loin pour
intéresser les grosses écuries... Mais encore faudra-t-il que le groupe ne compte personne de dangereux sans quoi Europcar ne laissera pas beaucoup de champ pour assurer le maillot de
Voeckler.
Article paru dans Le Progrès de Vendredi :
« Une ferveur incroyable »
« Mon boulot est d'aller chercher les bidons. Je suis assez malin pour être un des premiers à aller les prendre. Mais je suis en colère contre les commissaires, car j'ai l'impression qu'ils font
exprès à chaque fois de ne pas appeler rapidement nos directeurs sportifs. Du coup, on se prend les relances et on ne peut pas ramener les bidons assez vite. Sinon, on pensait que ça allait
batailler beaucoup plus, concernant la formation de l'échappée. Or, c'est le premier coup qui est parti. De sorte qu'on a essayé de rouler pour revenir, mais sur le plat, quand ça part à 60,
c'est dur d'aller plus vite.
J'ai surtout été impressionné par le public présent dans la montée de Luz Ardiden. Quand on pense qu'il n'y a pas de voiture dans le col, cela signifie que les gens font 13 kilomètres à pied ou
en vélo pour nous voir.
La ferveur des supporters basques est impressionnante, ils encouragent tout le monde, mais c'est à la limite de la sécurité. Ils s'écartent au dernier moment, brandissent les drapeaux devant
nous. C'est assez chaud. »
Recueilli par N. B.